Opération Ninive (saturer le monde avec l’évangile)
Rapport de Mission Danfili, du 21 au 28 avril 19
Par le Pasteur Yomsi Maurice. Tel : 675 177 554/ 697 551 898
Introduction
L’une des choses dont on est certaine dans toute mission qui vise à ramener le pécheur perdu à reconnaitre son Sauveur et à être réconcilié avec Dieu, c’est que, si l’on peut savoir quand la mission commencera et peut parfois déterminer d’avance quand elle pourrait finir, on ne peut jamais savoir comment la mission va se dérouler. Comme chaque grain de sable sur la mer, chaque mission a son histoire, presque toujours différente des autres. Danfili ne fait pas l’exception, tant dans sa préparation que dans l’action missionnaire proprement dite.
I - LA PRÉPARATION ET LE DÉPLACEMENT POUR DANFILI
A- UNE PRÉPARATION PAS COMME LES AUTRES
C’est la première fois pendant la préparation à une mission que deux personnes clés de la mission s’absentent totalement. Nestor mon interprète dans toutes nos missions dans l’Adamaoua et le Nord n’a plus fait signe de vie depuis le mois dernier malgré tous les appels venant de nous comme de son Pasteur. Il n’a pu décrocher aucun appel ni pour s’excuser ni pour s’expliquer. Le Pasteur Emmanuel, notre contact dans l’Adamaoua s’est rendu indisponible juste la veille de notre déplacement. Un membre de son église a été hospitalisé, et il s’est chargé de l’aider dans cette période difficile.
Que devrions-nous faire ? Devrions-nous abandonner la mission ? Foncer malgré tout ?
Comme il est rare dans les habitudes des missionnaires d’abandonner un champ de mission, et comme l’inconnu et la difficulté semblent être l’essence et l’huile motrice de la mission, nous n’avons pas perdu de vue que le Chef de la mission était avec nous, le Roi de gloire le Seigneur Jésus Christ.
B- LE DÉPLACEMENT POUR DANFILI
Il était environ 18h15 lorsque nous sommes quittés de la maison pour l’agence de voyages qui devait nous laisser à Meiganga, en passant par Yaoundé, Bertoua, et Garoua Boulaye. C’est vers 13 h que le lendemain que le bus nous a laissé à destination.
Nous sommes montés sur les motos pour l’agence qui devait nous laisser à Ngaoundal. C’est un mini bus chargé comme il ne peut être permis qu’au Cameroun qui le fera.
Nous ne pouvons pas compter le nombre d’arrêts que ce bus a fait soit pour faire entrer les gens et/ou les colis, les faire descendre. 24 heures étaient passées depuis notre départ de Douala. Toute l’équipe était si fatiguée.
L’un de mes collaborateurs me fit la proposition de dormir pour continuer le voyage le lendemain. La proposition a d’abord eu un écho favorable dans mon cœur. Je lui ai dit c’était une décision difficile à prendre, mais qu’il fallait consulter les autres. Dès que la deuxième personne était favorable, il est monté dans mon cœur que c’était la voie de la facilité.
J’ai finalement décidé qu’il fallait continuer, d’ailleurs plusieurs frères et sœurs priaient pour notre voyage et savaient que nous devrions arriver ce jour même. Nous avons trouvé un véhicule qui nous a transporté pour Danfili.
Nous ne connaissions pas où nous allions, nous ne connaissions pas la personne qui nous avait été recommandée, son seul numéro que nous avions ne passait pas. C’est plus tard que nous avons reçu le numéro de son épouse. Nous sommes néanmoins arrivés à Danfili tard dans la nuit.
II - DANFILI
Danfili est un beau petit village :
Danfili signifie la personne qui fait le commerce
. Ce nom a été donné à ce village à cause des musulmans qui s’y sont établis en faisant le commerce. Le vrai nom du village est : «Mambal». C’est le nom que porte un petit cours d’eau dans le village.
Aujourd’hui le village est à 98 pour cent musulman. Le Djaworo (Chef du village) est lui-même de cette religion.
Les filles trouvent le mariage très tôt ici. A treize ans une fille trouve sa majorité dans ce domaine. La quasi-totalité abandonne ainsi les classes et elles deviennent des mères de nombreux enfants.
L’eau est une denrée rare.
C’est un village hostile à l’évangile. Selon nos recherches, le dernier musulman qui s’est converti à Christ a été froidement écrasé par un véhicule jusqu’ici non identifié.
III - L’ACTION MISSIONNAIRE A DANFILI
A- LA VISITE DU DJAWORO
Après nous avoir fait attendre pendant un temps, le Djaworo nous a reçus. Nous nous sommes présentés comme les serviteurs de Dieu, venus pour annoncer la bonne nouvelle de Jésus-Christ dans son village. Ayant accepté notre présent, il nous a permis de projeter le film devant la cour du palais, nous disant que c’était le seul endroit dans lequel, il pouvait assurer notre sécurité.
Notre écran était juste tout prêt de la plus grande mosquée du coin.
B- LE PREMIER JOUR A DANFILI
Nous avons attendu que la prière de 18h30 se termine avant de lancer notre Film, Jésus de Nazareth
en la langue locale. Plusieurs personnes sont venues voir le film, la majorité étant musulmane.
Après la pose de 19h30 pour ne pas perturber leur prière, nous avons continué avec la projection. Juste quelques minutes après, alors que tous ceux qui sortaient de la mosquée s’arrêtaient pour écouter Jésus dans leur langue, le groupe électrogène a arrêté de fonctionner.
Pourtant ce groupe est neuf. Nous avons testé nos appareils le matin pendant au moins deux heures. Ce groupe a démarré au quart de tour. Rien n’envisageait ce scénario. Mais la triste réalité était là. Voulant même profiter de ce coup pour prêcher, une courte pluie d’environ trois minutes est venue clôturer ce sinistre chapitre. Tout le monde est parti.
Dieu seul sait quel était notre état d’âme. Heureusement, le lieu où nous devrions nous coucher ne nous a pas abandonnés. Comme se coucher ne signifie pas toujours dormir, ce fut au tour de l’insomnie de s’occuper de moi. Gloire à Dieu.
C- LE DEUXIÈME JOUR A DANFILI
Le deuxième jour, tout a bien commencé. Nous sommes allés voir un technicien qui s’est battu à remettre le groupe en marche.
Pour éviter les inconvénients du soir, nous nous sommes mis à distribuer les traités évangéliques à tous ceux qui pouvaient lire le Français ou l’Anglais. Par la grâce de Dieu nous croyons que nous avons touché la couche sociale lettrée de Danfili avec ces traités dont plusieurs se pressaient de recevoir.
Le soir, tout a commencé avec les provocations verbales que certains musulmans nous faisaient. Alors que tout était en place, et que le monde était au rendez-vous, le groupe électrogène s’est encore mis à déranger. Peu de temps après, la pluie s’est encore mise à tomber ; sachant que les personnes devaient partir, nous nous sommes levés pour prêcher. Nous avons fait la plus courte de toutes les prédications. Justes après deux minutes de prédication, les gens rentraient. Nous avons continué le Film dans la pluie. C’est là que nos appareils ont eu un autre coup dur. L’ordinateur a arrêté de fonctionner. Tout s’est arrêté. Nous sommes rentrés, espérant que tout ce se passera bien à Ngaoundal.
IV - NGAOUNDAL
N’ayant eu du Djawaro que deux jours d’autorisation à Danfili, nous sommes allés à Ngaoundal où un de nos contacts nous attendait. Il avait aussi réussi à recevoir une autorisation de projecter pendant deux jours à Ngaoundal.
C’est avec beaucoup de joie que nous sommes arrivés à Ngaoundal. Mais cette joie n’a tenu que pour quelque temps :
Le groupe électrogène a décidé de ne plus fonctionner. Les films à projeter étaient dans l’ordinateur qui lui-même avait subi un coup la veille à Danfili.
Nous n’avons trouvé aucun réparateur de notre ordinateur, même pas quelqu’un capable d’enlever le disque dur pour le faire fonctionner en disque dur externe
Nous n’avons trouvé personne capable de faire fonctionner le groupe électrogène.
Face à ces défis, et dans toute cette impasse, nous nous sommes concertés avec nos partenaires dans la prière et avons trouvé que nous devrions rentrer.
Il fallait voir nos cœurs pour comprendre l’état des sentiments qui nous animaient en ce moment.
Conclusion
En rentrant, ces questions était dans le cœur de tous : était-ce un échec ? Quelles erreurs avons-nous commises ? Pouvions-nous éviter ce qui s’est passé à Danfili et à Ngaoundal ? Cela pourrait-il se reproduire dans une autre mission ? Si oui comment éviter que, cela ne se reproduise ?
Un bilan de notre équipe faisait ressortir les idées divergentes. Certains pensaient que c’était un échec. Ces derniers se basaient sur le fait que la mission ne s’est pas passée comme prévu, que les projections n’avaient pas été faites comme prévu. En fait, pour celles-ci, la réussite de la mission dépendait du respect du plan initial.
Une autre partie de l’équipe pensait que c’était une mission réussie. Pour elle, peu importe la tournure des évènements, tant que tout ce qui nous a empêché de suivre notre plan initial ne venait pas de notre fait, la mission a été un succès. D’autres, croyaient cette partie, l’évangile a été prêché, dans les petites prédications, dans la distribution des traités, et dans les explications du film, la mission a été un succès.
Chacun de nous peut se faire sa petite idée dessus. Ce qui est certain c’est que le Seigneur n’a jamais dit que les choses seront faciles dans le champ missionnaire. Plutôt, il nous a envoyés comme des brebis au milieu des loups.
Les missions à venir pourront peut-être être plus difficiles. Nous devons donc davantage vaquer à la prière afin que, le Seigneur de gloire nous accorde la grâce de continuer à faire entendre sa voix auprès de ses brebis et que celles-ci le suivent.
Nous sommes heureux d’avoir accompli ce qui y a été fait avec vous. Nous serons très heureux de vous savoir avec nous à Logbaguengue à la fin du mois de mai dans une autre mission.
Pour Camfaith,
Yomsi Maurice, La Mission, notre Passion.