Présidentielles 2011 : Devons-nous gagner la rue ?

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publié le 20/10/2011 à 10:56


 

A la suite de la "Déclaration de Yaoundé" du 15 octobre 2011, sept partis d'opposition demandent à la population de descendre dans la rue si la cour suprême siégeant en tant que conseil constitutionnel n'annulait pas les élections présidentielles tenues le 09 octobre dernier.
C'était au siège de l'UDC ce 15 octobre que ces partis donnaient un point de presse après avoir signé cette fameuse déclaration dite de Yaoundé dont nous vous donnerons la teneur à la fin de cet article. Ils dénoncent notamment plusieurs irrégularités observées dans la préparation et le déroulement des élections.
 
La cour suprême après délibérations a rejeté les recours introduits et entend proclamer dès demain vendredi 21 octobre les résultats des élections. Ce qui fait croire que l'appel de l'opposition à descendre dans la rue a un écho.
 
Camfaith s'interroge :
  1. Quelle solution pourrait apporter une descente dans la rue au Cameroun ?
     
  2. Les leaders d'opposition ayant demandé la descente dans la rue, seront-ils dans les premiers rangs de la foule ?
     
  3. Sans l'ombre d'aucun doute le régime en place semble ne pas comprendre facilement le langage de la rue. Quel bilan positif pouvons-nous tirer de la descente dans les rues de février 2008 ?

    Nous notons également que sur le terrain, principalement à Douala, des dispositions sont prises par les forces de l'ordre afin de disperser tout mouvement de foule et tout regroupement.

Citoyens camerounais, nous sommes responsables da la paix dans cette nation et nos décisions et nos actes en sont les garants. Dieu nous tiendra responsables de tous les actes que nous aurons posés dans ce sens.

Nous ne sommes pas dans le chaos, nous pouvons faire quelque chose.

Nous pensons que 15 minutes de prière envers Dieu par tous les camerounais du monde entier seraient plus entendues que des journées de marche pouvant inévitablement dégénérer en crise sociale.

Camfaith vous interpelle : 

  • Notre interpellation si nous en avions une, serait d'inviter tous les citoyens camerounais sans discrimination politique, ni religieuse, ni ethnique à abandonner tout recours à la violence et à observer au moins 15 minutes de prière le matin du 21 octobre pour la paix et la stabilité politique au Cameroun.
  • Prions également afin que le Seigneur trouve une issue à cette situation qui prévaut actuellement.
  • Prions enfin que le leader national du Cameroun qui sera le soit selon le plan de Dieu et non d'une machination quelconque.
 

DECLARATION DE YAOUNDE 
 
Annulation de l'élection présidentielle du 09 octobre 2011 
 
Nous, leaders des partis politiques, candidats à l'élection présidentielle et signataires de la présente, déclarons : 
  1. Que le peuple camerounais revendique depuis des décennies la tenue des élections libres, justes et transparentes organisées par une commission électorale indépendante ; 
     
  2. Qu'après plus de vingt ans de lutte, ce peuple a obtenu, en lieu et place, l'organe non indépendant, dénommé Elections Cameroon, Elecam dont les textes le régissant ont été décriés par la communauté nationale et la société internationale ; 
     
  3. Que pour parachever le verrouillage de cet organe, il y a eu :  - La nomination, par un acte du Président de la République, Président du Rdpc, des 12 membres du Conseil et du Directeur  Général d'Elecam tous militants et membres du bureau politique et du comité central de son parti et, ce n'est qu'après leur nomination qu'ils ont démissionné pour la forme de leur formation politique - La nomination à travers tout le pays des militants Rdpc comme responsables régionaux, chefs d'agences et d'antennes d'Elecam. 
     
  4. Que ce sont ces derniers qui vont choisir les présidents des bureaux de vote parmi les militants du Rdpc ; 
     
  5. Que tout cela a été décrié et contesté par des partis politiques d'opposition, par la société civile, par les camerounais sans suite. 
     
  6. Dès lors, ce fut sans surprise qu'a quelques jours du vote, un membre d'Elecam ait été relevé de ses fonctions par décret présidentiel pour une faute lourde, à savoir l'exécution du contrat de communication pour le candidat sortant, Monsieur Paul Biya. 
     
  7. Les partis politiques responsables et soucieux de la paix ont néanmoins demandé aux citoyens d'aller s'inscrire massivement sur les listes électorales et de voter le moment venu ; 
     
  8. Que quelques jours seulement avant le  09 octobre, jour  du vote, nous nous sommes rendus à l'évidence : - que moins de 30% des cartes d'électeurs  étaient effectivement remises à leurs propriétaires légitimes et surtout, nous avons pu constater le non fonctionnement des commissions départementales de supervision chargées de la distribution des cartes et de connaître des récriminations des électeurs conformément à l'article 24 de la loi n°92/010 du 17 septembre 1992  fixant les conditions d'élection et de suppléance à la présidence de la République. - qu'en plus des innombrables doublons,  il a été remarqué que des personnes décédées n'avaient pas été radiées du fichier électoral qui s'est avéré être l'ancien fichier électoral établi par le Ministère de l'Administration territoriale, ignorant purement et simplement tout le travail de nettoyage fait par les commissions mixtes où sont représentées les formations politiques. En bref, le non-respect des textes et tous ces dysfonctionnements nous ont conduits à l'évidence de l'incapacité d'Elections Cameroon à organiser l'élection présidentielle querellée de manière libre, juste et transparente. C'est ainsi que certains d'entre nous avaient adressé en date du 06 octobre 2011, auprès de la Cour Suprême siégeant comme Conseil Constitutionnel, une requête aux fins de constatation de l'incapacité d'Elecam à mener à bien l'élection présidentielle du 09 octobre 2011 conformément à l'article 41 de la loi n° 2006/011 du 29 décembre 2006 qui stipule qu' « En cas de défaillance d'Elections Cameroon dûment constatée par le Conseil constitutionnel, le président de la République prend en vertu des dispositions de l'article 5 de la Constitution les mesures qu'il juge nécessaires pour y remédier ». Cette requête est restée sans suite. 
     
  9. Qu'au matin du 09 octobre, l'environnement électoral s'est affirmé chaotique avec d'innombrables irrégularités dont on peut citer quelques-unes : 
  • Plus de 70% des cartes d'électeurs n'ont pas été distribuées et par conséquent, la majorité de ceux qui s'étaient inscrits sur les listes électorales n'ont pas pu exercer leur droit de vote, et les cartes distribuées l'ont été par les militants du parti Rdpc à des personnes ciblées ; 
  •  Beaucoup de gens ont été pris en flagrant délit de fraude électorale sur l'ensemble du territoire national du fait de la détention de multiples cartes de vote; 
  • Plusieurs présidents des bureaux de vote, militants du Rdpc, ont utilisé les cartes électorales non retirées pour voter Monsieur Biya, bourrant ainsi les urnes de plusieurs bulletins de vote en sa faveur ; pour atteindre leur fin avec la complicité de bien des autorités administratives et traditionnelles, ils ont écarté les scrutateurs des autres candidats, les empêchant de vérifier des pièces présentées avant le vote, favorisant ainsi les votes multiples, sans cartes nationales d'identité, avec les récépissés, le vote des mineurs, des étrangers et des personnes non inscrites. 
  • Une mauvaise organisation matérielle,  à dessein, couplée à un acheminement tardif du matériel électoral, a contraint beaucoup d'électeurs à une abstention forcée ; 
  • En violation du code de bonne conduite, des bureaux de vote ont été installés dans les chefferies traditionnelles, dans les domiciles privés et dans les camps militaires avec des effectifs des électeurs dépassant tout entendement et le vote à cent pour cent du candidat du Rdpc. Plus grave, certains bureaux de vote n'avaient pas de représentants d'Elecam ; 
  • L'usage abusif et vexatoire des moyens de l'État par le candidat Biya pendant la campagne électorale et l'impartialité caractérisée des  médias et plus particulièrement les médias d'État ;  Des cartes électorales ont été établies à  partir des listes dressées par les responsables Rdpc en dehors des commissions mixtes légales et puis distribuées en dehors des commissions légalement chargées de le faire ; 
  • Des personnes décédées entre septembre 2007 et août 2011 figuraient toujours sur les listes et les caries électorales ont été établies à leur nom ; 
  • Beaucoup de bureaux de vote ont ouvert à 14h30mn pour se refermer à 18h ; 
Au regard de tout ce qui précède, nous, représentants des partis politiques signataires, déclarons qu'Elections Cameroon a failli complètement à sa mission d'organiser une élection libre, juste et transparente le 09 octobre 2011, et par conséquent, rejetons tout résultat que pourra déclarer le Conseil Constitutionnel car nous sommes intimement convaincus qu'il n'y a pas eu élection présidentielle au Cameroun le 09 octobre 2011. Au regard de l'Article 99 de la loi  numéro 92/010 du 17 septembre 1992 nous demandons au Conseil Constitutionnel  d'annuler l'élection présidentielle du 09 octobre 2011 suivant en cela les différentes requêtes que nous lui avons adressées dans ce sens ;  Dans le cas où la Conseil constitutionnel refuse d'annuler cette mascarade électorale 
et persiste à déclarer les résultats, nous appelons par la présente le peuple à venir massivement manifester en faveur de leur droit de participer à des élections libres et transparentes. Afin de prévenir une crise sociale grave, nous demandons la révision de la loi  électorale et la mise sur pied dans un  délai de six mois d'un nouveau système électoral qui sera véritablement indépendant et accepté par tous et qui devra conduire la nouvelle élection présidentielle. Nous assurons le peuple Camerounais que nous serons à ses côtés pendant les manifestations jusqu'à l'établissement  d'une véritable commission électorale indépendante au Cameroun. 
Fait à Yaoundé, le samedi 15 octobre 2011
 
Signataires :
John Fru Ndi (SDF);
Kah Walla (CPP);
Adamou Ndam Njoya (UDC);
Bernard Muna (APF);
Jean de Dieu Momo (PADDEC);
Albert Dzongang (Dynamique).




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