Selon un rapport de l'Observatoire des Religions et de la Laïcité (ORELA) - un organisme rattaché à l'Université Libre de Bruxelles -, la Belgique connaîtrait une importante «dynamique néo-évangélique».
La progression «manifeste» du protestantisme évangélique, s'expliquerait essentiellement par le développement de communautés «ethniques» qui cherchent à rechristianiser l'Europe. «Ces églises dites ethniques ont lancé un vaste mouvement d'évangélisation à l'envers, qui fait de leurs fidèles les plus actifs des missionnaires en terre européenne, un continent qu'il s’agit pour elles de rechristianiser», indique le rapport de l'ORELA.
En outre, cette étude, dont l’analyse porte sur la forme autant que sur le fond, met en exergue le fait que «cette dynamique, qui se présente également chez des fidèles juifs ou musulmans, s'exprime par une religiosité plus exubérante, plus effervescente, plus sensationnelle, plus visible et quelquefois plus envahissante dans l'espace urbain», précisant encore qu'il s'agit d'une «foi qui a besoin d'attestations manifestes permanentes» et qui se traduit par «une identité qui s'est construite et s'est visibilisée, par la prolifération de lieux de culte».
Tous missionnaires !
Aux yeux de ces chercheurs, «ce Réveil religieux se marque par une énergie hors normes, faite de stratégies missionnaires, de prosélytisme, de conversions, et d'identités religieuses transnationalisées (de nombreux courants religieux actifs en République démocratique du Congo sont ainsi présents et agissants en Belgique, parmi l'immigration congolaise, et au-delà). Cette dynamique religieuse chrétienne s'incarne dans une mission : face à un Occident considéré comme souffrant d'un vide spirituel, il s'agit en effet d'opérer une mission de conversion en retour. Le migrant zélé devient, de simple fidèle qu'il était dans son pays d'origine, un missionnaire. (...) A Bruxelles, la question de l'expérience religieuse pentecôtiste est ainsi fortement liée à celle de la migration».
Selon Maïté Maskens, chargée de recherche FNRS et citée dans le rapport : «Depuis une trentaine d'années, des églises pentecôtistes portées par des communautés migrantes ou issues de mouvements migratoires, ont fait leur apparition dans la capitale européenne. Elles connaissent aujourd'hui un essor non négligeable sur la scène religieuse belge. (...) L'implantation et le succès grandissants de ces assemblées vont de pair avec l'intensification des flux migratoires de ces trois dernières décennies en provenance d'Afrique subsaharienne et d'Amérique Latine».
230 lieux de culte protestant à Bruxelles
Enfin, le rapport de l'ORELA constate que «le courant évangélique s'affirme comme le courant religieux le plus expansif, avec un taux de pratique largement supérieur aux autres religions». Un succès qu'ils expliquent «par plusieurs facteurs : d'abord, l'évangélisme est une religion de conversion ; ensuite, il mobilise les moyens modernes de communication ; enfin, comme le dit le sociologue Jean-Paul Willaime, il s'agit d'une expression religieuse qui part de l'expérience personnelle, au plus près de la réalité des gens et de leurs difficultés : la maladie, le chômage, la souffrance sociale, les difficultés psychologiques...».
Nul doute que le Saint-Esprit ne soit pas non plus étranger à ce succès, mais son action semble délicat à analyser d'un point de vue sociologique ! Quoi qu'il en soit, «Bruxelles compte ainsi à ce jour près de 230 lieux de culte protestant de communautés structurées - des communautés structurées juridiquement», et il est à noter qu'une «large majorité de ces communautés est de sensibilité évangélique. (...) Une dizaine de nouveaux groupes structurés voient le jour chaque année dans la Région de Bruxelles-Capitale quand d'autres changent de nom, disparaissent (par cessation d'activité), déménagent, se divisent ou essaiment, par la création d'églises-filles».
Paul OHLOTT
Source : http://www.dieutv.com/website/news/article/298/zoom-sur-la-dynamique-nn-o-n-vangn-lique-en-belgique