Être ce qu’on appelle un caïd, nous confère parfois le mirage de paraitre comme un invincible. Et dans la plus grande désillusion, notre petit monde savamment bien conçu pour régner en toute impunité s’écroule et nous devenons l’ombre de nous-mêmes. Se relever et reprendre du poil de la bête relève d’un véritable miracle. Pour certains, c’est la descente aux enfers. Mais pour d’autres, c’est le début d’une nouvelle vie, loin de son passé, de ses mauvaises voies d’autrefois : c’est la rédemption, un nouveau départ, le salut ! Joe Patenzo est un exemple non pas d’un caïd de bandes de délinquants, mais un cador et pas des moindres qui a su se frayer un chemin pour écrire son nom dans le rap camerounais.
Patou Onobiono est né à Yaoundé par le biais de Papa Tezanou Jean et Maman Emèmè Béatrice. Enfant unique, il a vécu dans les quartiers d’Elig-Edzoa, Manguiers et Etoa-Méki et malgré tout, il parvient à devenir technicien en assemblage de structure métallique. Il devient peu à peu Joe Patenzo lorsqu’il contracte son prénom Patou, le nom de son papa Tezanou et de son nom Onobiono. À l’âge de 10 ans, il peut déjà se dessiner en lui l’appel du Seigneur. Une particularité que le Pasteur Souga Atangana Placide voyait déjà en Joe. Alors, qu’il suivait les titres très populaires de l’époque venue des États Unis d’ Amérique, Joe va facilement s’identifier au raggamuffin et au rap. Peu à peu, il commence à s’intéresser au rap alors qu’à cette époque l’église n’est pas du tout ouverte à ce genre musical. Le déclic se passe un soir de juin 1996, lorsqu’il écoute un MC nommé Scarface sur le "I never see a man crying.. but I see a man died" , et de là Joe nous avoue : « c'est comme ça que de fil à aiguille je me mets à griffonner des trucs »
Alors que Joe Patenzo est au quartier Elig-Edzoa à Yaoundé, il se met à fréquenter un groupe de rap baptisé définitif. Et définitivement, le Joe est calé rap. « Donc à leur contact, j'ai commencé à mieux comprendre le rap et surtout à apprendre les techniques de prose (pour le flow) et d'écriture », nous confie Joe. Toujours noyé dans l’univers dans lequel il s’était identifié, l’artiste américain va bluffer notre virtuose et cela va marquer grandement la découverte de son talent. Avec des études défaillantes, le talent de Joe ne va pas faire échos favorables au sein de la famille notamment de la maman qui représente père et mère pour Joe. Dans son entourage, les jeunes étaient plutôt foot, vol, et autres dérivés, pour le petit boy, c’était le rap et il n’a pas manqué l’occasion de se frayer un chemin ; comme il nous l’exprime en ces mots : « …j'ai dû batailler fort pour ma passion ; celle qui me permettait de m'échapper du quotidien du quartier ». Mr le yoor comme on l’appelait dans le quartier va donc peu à peu commencer à écrire son nom dans les lignes rap du 237. Il commence par le groupe baptisé Price où il en est l’initiateur avec Maurice Biyong, Franck Kamto, Danielle, Prisca et bien d’autres. Plus tard, il est nommé révélation des samedis rap aux côtés de C-minaire, X-Maleya, Oliviera et One love. Un jour à la maison, il reçoit l’invitation de son ami Nocturn du groupe Rage 2 Z Vil, dans leurs divers, il prend information de l’annonce d’un concours organisé par Coca-Cola. Avec la présélection bouclée, Joe prend son courage d’aller néanmoins déposer son enregistrement à Mapane Records. Il parvient à être inséré dans une liste d’attente. À 2 jours du début du concours, le CD contenant la chanson se casse et Joe parvient à composer un beat et une chanson à un jour. Chaque plan de Dieu menant à trouver ses repères, Joe parvient à être retenu pour le projet Dream de Coca-Cola en compagnie de Wilfried, Lady B, Sydney et C-minaire.
En début de l’année 2007, pour Joe, c’est l’entrée dans le désert. Joe Patenzo tombe malade. Au départ, l’on ne sait pas de quoi il est question. Après, plusieurs hôpitaux et que la situation s’envenime, il commence à perdre tout ce qu’il possède : voiture, argent, son talent devient peu à peu un vide qu’il ne peut plus remplir. Dans le plus grand désespoir, et dans la maladie profonde, Joe se retrouve avec les anges et dans le néant, il comprend l’appel de Dieu pour sa vie. Joe voit défiler sa vie malhonnête, sa vie vaine se défiler et il reconnaît que Jésus-Christ l’aime. Le 27 octobre 2007 donc, les rappeurs camerounais à l’époque vont organiser un concert pour une collecte de fonds baptisé "il faut sauver le soldat Joe". Et à Joe de dire : « C'était le début de ma formation, et de la prise de conscience ». Il va donc être récolté près d’un million de FCFA, qui sera remis à sa maman pour les soins hospitaliers. Dieu fonctionnant toujours dans l’engagement et le vœu, Joe Patenzo déclare : « Donc aux sorties de tout ceci, j'ai pris le ferme engagement de mettre ma plume et ma voix au service du seigneur ». Dans le plus grand des silences, Joe Patenzo va commencer à se faire rare le temps au fur et à mesure de s’harmoniser avec Dieu. En pleine traversée du désert un 6 novembre de l'année 2008, il rencontre Lareinne (Lili Joy) lors de l’enregistrement de l’hymne de la Socam à l’époque sous la gestion de Maman Odile Ngaska. En 2010, il fait quand même un EP de 6 titres dénommé 1er Round
Des épreuves, il y a été confronté, mais Joe a veillé à garder sa marche vers la foi et de se rassurer d’être un modèle pour les autres jeunes comme lui. Il accomplit donc ce geste à délivrant sa nouvelle personnalité au monde. Dans ce coming out qui le définit désormais comme un homme radicalement tourné vers Christ et vers tout ce qui concerne Christ, Joe Patenzo lance le projet Petit Boy. Joe définit le single petit boy comme : « Une partie de ma vie. Celle-là que j'ai vécue dans les quartiers difficiles où j'ai grandi... Un témoignage, mais aussi une main tendue… Si Jésus a pu changer le délinquant que j'étais, en ce père de famille que je suis aujourd'hui ; certainement, il peut le faire pour tous les petits boys du Cameroun. » Joe décide donc de parler de lui, dans la chanson afin d’édifier le plus grand nombre de caïds de quartiers, ceux qui se sont tournés vers la drogue, le vol, le banditisme et autres déviances. « Et aussi c'est une porte ouverte au changement et à la transformation de la jeunesse par la solution Jésus-Christ » déclare Joe Patenzo.
Aujourd’hui, Joe Patenzo vit avec sa femme artiste Lareine Onobiono (Lili Joy), sa petite fille Dominique et étant le patron de la maison Big Five Prod, il nous réserve désormais de grandes choses en ce qui concerne son prochain album qui arrive.
Leonard Awono, Camfaith